Domaine Theulot-Juillot : d’abord une histoire de couple

     Le vin se vit à deux. Il y a souvent derrière un domaine ou un château viticole l’histoire d’un couple qui a décidé de faire de la vigne son projet de vie. Le domaine Theulot-Juillot, c’est d’abord cela. Encore jeunes adolescents, Jean Claude Theulot et Nathalie Juillot se sont rencontrés dans les vignes, ont appris à se connaître en vendangeant ensemble. Epouser Nathalie, c’était aussi épouser la vigne et le domaine Juillot. Tout jeunes mariés – ils ont à peine 23 ans – la grand-mère de Mme Theulot leur propose de reprendre le domaine familial « Je suis vieille du haut de mes 85 ans, leur a-t-elle dit, si ma proposition vous intéresse, foncez ! ». Et ils foncent.

     La grand-mère de Mme Theulot, âgée de 85 ans, n’avait plus l’énergie pour « tenir » un tel domaine. Du coup, le domaine vivotait : les jeunes vignerons en charge du domaine changeaient tous les 6 mois, aucun investissement n’avait été réalisé en 20 ans et l’état des vignes se dégradait année après année. Monsieur Theulot, sa licence de Sciences de la Vigne en poche, a rapidement repris la situation en main, soignant les vignes, arrachant les ceps trop abîmés pour en replanter de nouveaux. La « génération précédente », se focalisait sur la vente du vin en oubliant la vigne. Le couple Theulot préfère retourner à la vigne et au raisin pour améliorer la qualité du vin ; les ventes suivront. A force de persévérance, d’abnégation, de passion, ils parviennent à hisser le domaine Theulot Juillot parmi les plus prometteurs de l’appellation Mercurey.

     Si vous passez à Mercurey, n’hésitez pas à venir les saluer. Ils se feront une joie de vous accueillir.

     Le Mercurey vieilles vignes 2010 : un vin d’assemblage révélateur de la force de la Bourgogne : ses sols

     Monsieur Theulot voulait créer un vin gourmand, rond, facile à boire mais complexe au nez, « un vin que l’on boit sans se poser de question » me résume-t-il. Pour cela, il décide d’assembler trois vins différents et complémentaires provenant de trois micro-parcelles voisines. L’un est très structuré, l’autre très élégant et fruité tandis que le dernier est plus souple, plus léger. C’est cet assemblage original qui fait l’excellence du Mercurey Vieilles Vignes du domaine Theulot-Juillot.

     Une question nous vient naturellement à l’esprit : les trois vins composant le « Mercurey vieilles vigne » viennent de la même région bourguignonne, de la même AOC Mercurey, du même cépage Pinot Noir, de vignes toutes trentenaires, du même vigneron, du même millésime, du même processus de vinification… mais ils sont tous très différents !  Comment expliquer cette différence de goût entre les 3 vins alors qu’ils ont tous les mêmes ingrédients?! C’est toute la magie de la terre. Une terre formée de sols très différents. La seule AOC Mercurey de 645 ha a 56 sols différents. Puis ces sols sont à des altitudes et des expositions différentes. Ainsi, deux vignes parfaitement identiques en apparence peuvent donner deux vins totalement différents selon leur sol, leur altitude, leur microclimat etc. C’est ce qu’on appelle le terroir. La diversité des terroirs est, selon monsieur Theulot, la force de la Bourgogne : la multitude de micro-parcelles, différentes grâce à la diversité géologique et géographique de la Bourgogne, permet une grande richesse de vins. Sur ses 11 ha il propose 15 vins, alors qu’un vigneron Bordelais peut faire sur 30-40 ha un seul vin.

     Parmi les caractéristiques du Mercurey Vieilles vignes 2010, on notera les suivantes :

  1. 1. Issu de vieilles vignes, c’est-à-dire de vignes âgées de plus de 35 ans. . Officiellement, il n’existe pas encore de norme qui définisse à partir de quel âge une vigne est « vieille ». Certains vignerons – d’une honnêteté douteuse –  peuvent inscrire « Vieilles vignes » sur leur étiquette alors que leur vigne n’est âgée que de 10 ans. Chez les Theulot-Juillot, on ne parle de vieilles vignes que lorsque celles-ci ont dépassé les trente cinq ans.
  2. 2. Vendanges manuelles… il va falloir se moderniser non ? Et bien non, c’est un choix mûrement réfléchi. Investir dans des machines serait peu rentable car les parcelles sont peu mécanisables. De plus, les cépages sont identiques, mais les pieds de vignes sont très différents. « J’imagine que vous et moi l’on ne se ressemble pas !», me fait-il remarquer. Le geste du vendangeur doit s’adapter à la morphologie de chaque vigne pour ne pas l’abîmer. Pas question donc de mécaniser les vendanges.
  3. 3. Elevé en fût de chêne, pour rester dans le sillage de la tradition en apportant complexité et maturité au vin.